Deux singes en un palmier
Le vieux singe, roi des singes, mourut,
Sans désigner dans sa lignée,
Qui allait lui succéder.
De fils aîné il n'avait plus,
Et comme cadets deux singes jumeaux
Niais, calomnieux, bestiaux.
"Qui le plus haut grimpera,
Du peuple singe sera roi,"
Fit un sage singe qu'on consulta.

Sur la plage où on les mena
Avisant chacun le même palmier,
Ils s’y ruèrent incontinent.
Jouant des pattes et du museau,
Soufflant, suant, récriminant,
Au cœur des palmes se hissèrent.
"Jumeaux en bas, ex-aequo en haut :
Inséparables sont ces frères ;
Le peuple singe aura deux rois"
Sur les paroles de ce sage,
On applaudit les deux monarques
Qui aussitôt, fats et fiers,
Courbettèrent et saluèrent
Des quatre pattes et du derrière
Finissant le cul par terre.
Qui veut grimper plus haut que son frère
Avec lui doit mordre la poussière.
Illustration : Margot de B.