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Cœur de braise

Je connais des enfants qui même sous la pluie, quand l'horizon est mêlé de graves soucis

Rient. Ils vivent l'instant présent,

Sans ignorer pourtant la grisaille à venir.

J'envie ses enfants en apparence insouciants.


L'un d'eux, malade et fragile, nous parle de la mort, de la vie, en termes épatants.

On dit d'eux, en s'extasiant : "Qu'ils sont mâtures, quelle chance ont les parents."

Mais on craint que nos enfants leur ressemblent, on supplie le ciel de n'être jamais de ces parents qui ont à constater, à cause de telles difficultés, leur grande maturité.


Lorsque j'étais petit, on me disait : "grandis, cesse de faire l'enfant !"

On aurait aimé que je prenne des responsabilités, que je pense à l'avenir, et le prenne au sérieux.

J'étais, parait-il, trop spontané, trop attaché à l'instantanéité.


Ce qu'on me reprochait, c'est leur force à eux.

Garder de l'enfance la spontanéité,

Ne pas oublier de vivre puisqu'on va mourir.


Ceux dont la vie raccourcit trop rapidement,

Ceux dont les parents boivent et frappent,

Ceux qui jouent dans la ruelle, pour échapper aux querelles,

Ceux qui rêvent de la cantine pour avaler leur unique repas,

Ceux qui visitent leur petit frère, chaque mercredi au cimetière.

Ils garderont une âme d'enfant, dans un cerveau de grand.


On m'avait dit de grandir, de changer mes jeux. J'y ai changé mon cœur aussi, qui est celui des grands, qui est proche de la pierre, quand le leur est de braise. Brûlant et éphémère.




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