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Agueusie sociale

Dernière mise à jour : 20 juin 2021

S’il y a un terme médical dont j’ai connu la définition bien avant mes cours de français sur les racines grecques, c’est « agueusie ». « A privatif, du grec « geũsis », goût. Diminution totale ou partielle du sens gustatif », explique avec froideur le médecin de l’infortuné Duchemin, dans le célèbre et succulent l’Aile ou la Cuisse.

À qui la cause ? À la cuisine de l’odieux Tricatel, qui transpire de rire en apprenant la chose et se réjouit à l’idée d’en tirer profit.

Ce petit passage du film de Claude Zidi vous trotte peut-être en tête à vous aussi qui essayez d’imaginer les déboires des malades de la Covid. Mais réalisez-vous que nous souffrons tous, totalement ou partiellement, d’agueusie ? D’agueusie sociale plus exactement.

Réseaux sociaux, vidéo-conférence, Face-time : voici la version Tricatel des relations sociales. On mange tous du Tricatel un jour où l’autre, et l’on n’en meurt pas. C’est l’overdose qui envoie Duchemin à l’hôpital. Ne jetons pas la pierre à ces outils de communication rapides et efficaces ! Mais efforçons-nous de goûter plus souvent aux relations quatre étoiles : rencontres physiques non chronométrées, soirées en petit comité, longues lettres sur feuilles A4, coups de gueules même, pourvu qu’ils soient réels et assumés !

Vous êtes triste pour un ami ? Écrivez-le lui, dites-le lui. Un smiley versant une larme n’a jamais consolé personne ! Un cœur rouge sur un écran n’est pas non plus une vraie manière de se réjouir, juste un moyen de rejoindre la grande cohorte des connectés qui zappent d’une émotion à une autre !

Le spectateur amusé que vous êtes aura noté que Tricatel ne se nourrit pas des produits de son usine tandis qu’à l’Académie française on réussit l’exploit de nous la rendre appétissante... Ne nous croyons pas protégés de l’agueusie sociale parce que nous serions plus intellectuels, plus cultivés, plus prestigieux ou plus "académicien" que le voisin !

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